Ludovic Chancel dans Platine.

Platine n°122 du 8 juin 2005 a publié une critique du livre de Ludovic Chancel "Fils de..." sorti chez Flammarion : On en a beaucoup parlé dans les basses cours, mais ce livre est bien plus que les confidences d'un "fils de", passé par la bisexualité, la paternité hors-mariage, la drogue et la prostitution. Il donne même un éclairage nouveau sur une des plus grandes carrières de la chanson populaire. D'accord, Ludo ne connaît pas Sheila, en revanche, qu'est-ce qu'il a bien analysé Annie Chancel! Avec une franchise exceptionnelle, Chancel Junior n'hésite pas à tout balancer sur sa star de mère, même si le livre est la plus belle déclaration d'amour que la chanteuse ait dû recevoir... Dès la page 3 du chapitre 1, Annie a droit à "Intermittente de la maternité". Quelques pages plus loin, Ludo explique que, lorsqu'à l'école, on lui crache à la figure que sa "mère est un homme", la réaction de celle-ci le perturbe encore plus. Et c'est comme ça sur ces 250 pages : Annie ne s'est jamais occupée de ses devoirs, a "une inadaptation foncière à la normalité", "n'envisageait pas que son fils aille en fac", "ne veut jamais rien lâcher. Aux autres de plier", elle est "aveuglée par ses propres erreurs et refuse de les admettre", "Plus ça va, plus elle se referme et s'aigrit". Quant à la scène, "elle (y) trouvait une forme d'accomplissement bien supérieure à ce que son rôle de maman pouvait lui apporter"... Le garçon franc, et auquel la vie a donné une exceptionnelle maturité, admet même que sa mère "demeure une énigme". Et, sans raconter vraiment les échecs de Sheila, il avoue toutefois qu'après ses adieux de 1989, "sa reconversion ne prend pas". Elle lui aurait même dit : "Quand je vais mourir, je ne vais te laisser que des dettes! Mais rassure-toi, je vais tout te léguer et tu pourras te refaire : ma légende est pour toi. Tu continueras à me faire vivre et revivre...". Certes, Ludo parle aussi beaucoup de ses compagnes (dont sa femme , Rosa), mais on se demande s'il les a aimées. Au-delà de son mariage "vendu" à la presse pour payer la noce, ce qui reste le plus troublant, c'est d'apprendre que quand Ludo quitte le foyer maternel à 17 ans, il est recueilli par son "meilleur ami", qui n'est autre que le fils du producteur de Sheila, Carrère, auquel la chanteuse reproche de l'avoir "exploitée"... Espérons qu'elle ne dise pas aujourd'hui de même de son propre fils. Et qu'elle lui explique - parce qu'elle le sait mieux que personne - que pour exister sans être "le fils de", on peut miser sur son corps, mais aussi et surtout sur sa tête et son coeur... (J.-P.P.)