Sheila en interview sur le site "Charts in France".
Sheila en interview
le vendredi 8 décembre 2006, par Thierry CADET
Elle est une des figures emblématiques de la variété française depuis plus de quarante ans ! Elle a traversé tous les styles, toutes les époques, et c’est justement sur la notre qu’elle s’est exprimée pour Charts in France : que pense Sheila de Nâdiya ? De Lorie ? Nous avons la réponse !
Charts in France (Thierry Cadet, rédacteur) : Bonjour Sheila, très heureux de vous recevoir sur Charts in France ! Vous venez de fêter vos quarante ans de carrière avec la sortie d’une intégrale !
Sheila : Oui, quarante-quatre ans plus exactement ! De hauts, de bas... mais je suis tellement heureuse d’avoir pu, grâce à l’initiative d’Alain Veille, me pencher sur ma carrière, tout est allé tellement vite ! Je conseille à tous les jeunes de tout conserver, tout garder, parce qu’un jour ou l’autre on s’y repenche et on se rappelle de choses que le cerveau avait effacé... et c’est logique parce qu’en avançant dans la vie, on va heureusement à l’essentiel.
CIF : Avec le recul, pour quelle période avez-vous le plus de tendresse ?
S : Mes débuts ont été difficiles. J’ai été arrachée au noyau familial pour être projetée du jour au lendemain sur le devant de la scène ! Vous savez que nous étions des phénomènes avec Claude François, France Gall et les autres ! (sourire) Et puis ensuite j’ai adoré ma période disco avec les paillettes et mon aventure américaine, je crois bien que c’est ma préférée d’ailleurs.
CIF : Vous voulez parler de "Spacer" ?
S : "Spacer", "Singin’In The Rain", "Love Me Baby", toute la période avec mon groupe de danseurs, les S.B. Devotion !
CIF : On raconte que vous avez envoyé "Love Me Baby" aux radios sans préciser qu’il s’agissait de vous, avec seulement l’appelation du mystérieux groupe S.B. Devotion !
S : Oui parce que j’avais déjà une image qui me collait aux fesses, celle de la gentille chanteuse yéyé, puis de la chanteuse de variétés très... classique, avec "Les gondoles à Venise" et autres... Avec cette idée que nous avons eu, pour contrer les apprioris, les radios ont été prises au piège : elles ont joué le morceau et ne pouvaient plus faire machine arrière lorsque les programmateurs ont appris qu’il s’agissait de moi ! (rires) C’était très malin à l’époque ! J’ai ensuite repris mon nom, le S de S.B. Devotion est devenu Sheila B. Devotion, et nous avons amené le disco en France grâce à ces chansons !
CIF : Vous avez été classée aux Etats-Unis ?
S : Oui, avec mes titres disco ; et "Spacer" a été un tube dans le monde entier. Il est toujours samplé, remixé... (ndlr : en 2000, le groupe Alcazar fait de "Crying At The Discotheque", un tube, grâce au sample de "Spacer").
CIF : Qui revoyez-vous de cette époque ?
S : Françoise Hardy, qui est une amie. Elle est d’une très grande fidélité. Et puis avec Johnny, quand on se croise, c’est comme si les années n’étaient pas passées ! (sourire) Dalida, Cloclo et Joe Dassin ont malheureusement disparu...
CIF : Pourquoi avoir fait vos adieux au public en 1989, au moment où vous regagniez le Top 50 avec "Le tam-tam du vent" ?
S : Parce que je n’en pouvais plus, j’avais besoin de prendre du recul.
CIF : Pour résumer très rapidement votre carrière, vient quelques années plus tard, la période "dance", très inspirée du come-back de Cher (ndlr : "Believe") à la fin des années 90, avec "Dense"...
S : Oui j’ai, en effet, enregistré un album d’inédits, dans l’esprit de la musique "dance" propre aux années 90. Et par la suite un album de remixes de mes tubes, notamment en versions "salsa dance", avec encore une fois quelques nouvelles chansons.
CIF : Que pensez-vous de la jeune génération d’artistes ?
S : J’aime beaucoup Nâdiya, je trouve que ce qu’elle fait est très bien produit et que cette fille dégage un pôle d’énergie incroyable ! MC Solaar et Diam’s écrivent très bien... et je crois qu’un jour cette dernière nous livrera ses vraies fêlures, cette cassure qu’elle porte en elle. J’aime bien Jenifer aussi, je trouve qu’elle est le parfait exemple de la femme moderne. Et puis Madonna évidemment.
CIF : Et Lorie ? Vous ne pensez pas que Lorie est aux années 2000 ce que vous étiez aux années 60 ?
S : Mais c’est du copier/coller vous voulez dire ! Son producteur s’en est inspiré... Lorie est très mignonne, elle danse bien, comme je le faisais à mes débuts même si c’était un autre style de musique ; mais notre public était le même ! Quoique Lorie a peut être plus d’enfants, elle a pris la place laissée vacante par Dorothée et Hélène ; le mien était plus familial ! Mais tout aussi populaire !
CIF : Pensez-vous qu’elle aussi devra amorcer un virage radical pour durer ?
S : Je n’ai pas de conseils à lui donner comme ça, par le biais d’une interview. Par contre si elle veut, elle peut demander mon numéro et j’irai déjeuner avec elle avec plaisir. Vous savez, une chose est sûre, c’est qu’elle va devoir envisager de se renouveler. J’espère aussi qu’elle gère ses intérets.
CIF : Comme vous avez fait ?
S : Justement non. C’est pour ça que je suis bien placée pour en parler malheureusement...
CIF : Vous vous tenez à la page de l’actualité musicale grâce à votre fils Ludovic ? Que devient-il ? (ndlr : Ludovic Chancel a publié l’an dernier une biographie controversée)
S : Pouvons-nous parler d’autres choses s’il vous plait ?
CIF : On a murmuré qu’un album entièrement composé par la "Nouvelle Scène Française", de Clarika à La Grande Sophie, était en préparation...
S : Les chansons sont là effectivement, mais aucune maison de disques pour signer. J’ai d’ailleurs appelé les interessées pour leur dire que ce projet ne se ferait pas.
CIF : Mais pourquoi Warner publie-t-il le "Best Of" ?
S : Warner publie cet album, et l’intégrale, parce que ce sont eux qui sont maintenant propriétaires du catalogue.
CIF : Envisageraient-ils de vous signer un opus inédit ?
S : Si ce "Best Of" marche, peut être... mais il n’y a aucune projet d’album avancé pour le moment.
CIF : Il y a une chanson inédite sur ce "Best Of" : "L’amour pour seule prière"...
S : Oui, c’est une magnifique chanson que m’a écrite Laurent Marimbert (2 Be 3, Lena Ka, Jenifer, Nolwenn Leroy...). Elle ne figure que sur le "Best Of", "Juste comme ça", en effet.
CIF : Pourrait-on envisager une sortie single de cette chanson que vous êtes allée défendre à la "Star Academy" ?
S : Vous savez, on n’a pas énormément de radios ! Il y a MFM, Europe 1, RTL, Nostagie...
CIF : Les radios dites "adultes"...
S : Oui, évidemment je ne m’attendais pas à passer sur Skyrock ! (rires)
CIF : Quels souvenirs gardez-vous de "Star Academy" ?
S : De bons souvenirs. Je leur souhaite beaucoup de courage, car la route sera longue et houleuse...
CIF : Pour finir, que faites-vous quand vous n’êtes pas en promo ou en galas ?
S : Je suis à la maison, au vert, à 70km de Paris avec les piverts et les écureuils (sourire). Je fais beaucoup de sport, c’est sans doute pour ça que je peux encore faire de longs spectacles avec des chorégraphies, et beaucoup d’énergie ; et puis j’écris énormément.
CIF : Des chansons ?
S : Non. J’ai déjà essayé des dizaines de fois d’écrire des chansons, je n’y parviens pas. Vous savez, c’est un exercice particulier l’écriture d’une chanson. Non, j’écris des nouvelles.
CIF : Qui sont destinées à être publiées ?
S : Pas pour le moment. C’est simplement pour le plaisir. Mais attention, il ne s’agit pas d’une quelconque autobiographie, ce sont des histoires que j’invente.
CIF : Vous serez donc de retour sur scène en cette fin d’année, du 19 au 24 décembre au Cabaret Sauvage à Paris ?
S : Ce n’est pas un retour ! C’est une continuité... mes dernières scènes remontent à 2002, il ne faut pas exagérer !
CIF : Le Cabaret Sauvage est plutôt une salle réputée "underground", avec des artistes tels que Tryo, dEUS, Les Ogres de Barback, Karpatt ; pourquoi pas l’Olympia comme vous en aviez l’habitude ?
S : Parce que c’est justement ça qui est excitant ! S’imprégner d’une nouvelle salle, se renouveler ! Ce spectacle sera comme à la maison, très intimiste, comme une espèce de boeuf entre amis. J’y chanterai tous mes tubes, mais dans des versions acoustiques, "unplugged", avec deux guitares. Je m’accompagnerai au piano aussi parfois. Mais attention, il y aura quand même des tableaux dynamiques, parce que j’adore ça !
CIF : Merci Sheila de nous avoir reçu.
S : Merci à vous, je vous laisse, je dois aller déjeuner.
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