Lorie et Alizée, deux lolitas devenues grandes.
Ex-chanteuses pour préados aux succès retentissants, Lorie et Alizée ont grandi. Plus femmes, plus affirmées, elles sortent un nouvel album. Interviews.
Karine Vouillamoz - 01/12/2007
Le Matin Dimanche
Au début du XXIe siècle, elles ont marqué les esprits juvéniles: l'une avec «Je serai (ta meilleure amie)», l'autre avec «Moi, Lolita». Depuis, elles ont grandi, mûri, en même temps que leur public. Lorie sort avec le chanteur québécois Garou, Alizée est mariée avec le chanteur français Jérémy Châtelain et maman d'un petit garçon. Leur image de «gentille chanteuse pour préados» peut sembler légèrement désuète à côté du «punk goth» de Tokio Hotel. Mais Lorie et Alizée ont plus d'un tour dans leur sac. Première étape du changement: se défaire des producteurs, affirmer un désir d'indépendance. L'une était sous le joug de Johnny Williams, responsable de ses premiers succès, l'autre sous celui de Mylène Farmer et Laurent Boutonnat. A 25 et 23 ans, les deux jeunes femmes décident de prendre leur carrière en main et de produire elles-mêmes leurs albums. Et surtout, elles revendiquent leur statut de femme. Finies les minauderies, Lorie et Alizée se sont métamorphosées. Le résultat est des rythmes «dance techtonik» pour Lorie avec «2 Lor en moi?», de l'electro pop élégante pour Alizée et ses «Psychédélices». Coups de fil.
Lorie: «J'assume ma féminité».
Votre album s'intitule «2 Lor en moi?»; quelles sont ces deux personnalités?
Laure, c'est mon vrai prénom. Il peut y avoir une Laure, une Lorie. J'ai l'impression de vivre plusieurs vies à la fois. Un matin, je vais peut-être passer l'aspirateur chez moi en pyjama, et trois heures après, je serai en robe de créateur en train de faire la belle face pour des photos.
Face au raz-de-marée Tokio Hotel, vous avez senti le besoin de vous repositionner musicalement?
C'est venu naturellement. Je me suis rendu compte que, dès que j'allumais mon iPod, c'était de la dance electro. J'ai voulu faire un album dance en français. Et je n'ai pas réfléchi en me disant qu'il fallait que je change mon image. C'était mes envies, que ce soit dans le look, les textes ou la musique. Il me correspond vraiment et reflète la Lorie de 25 ans d'aujourd'hui.
Dans la chanson «Je vais vite», vous dites «Je bouge mon euh...». Lorie ne peut pas prononcer le mot «cul»?
Ça ne sonnait pas très bien. On avait envie de faire un clin d'oeil, on trouvait ça drôle, et ce «euh» a interpellé énormément de monde. Qui ont trouvé plus sexy que de dire le mot en vrai.
Cet album signe aussi votre rupture de contrat avec votre producteur, Johnny Williams...
Quand mon contrat s'est terminé, j'ai voulu, avec mon père, me produire moi-même. J'ai pu faire les choses comme j'en avais envie.
Aujourd'hui, vous maîtrisez tout de A à Z, non?
Je gère tout, mais je ne peux pas tout faire toute seule. C'est une petite entreprise de famille, on n'est que des petits artisans.
...qui vendent des millions de CD et de DVD! Vous êtes devenue une vraie femme d'affaires...
Oui, si vous le dites. C'est vrai que j'aime bien gérer tout ce qui se sort de chez nous.
Avant, vous étiez la meilleure amie, aujourd'hui, on vous découvre sexy. C'est un sacré changement!
Il s'est passé plein de choses dans ma vie. Avec mes albums précédents, j'avais grandi, mais les gens avaient arrêté le compte à rebours sur moi. Mais j'ai 25 ans et j'assume davantage ma féminité.
Alizée sort un nouvel album. Vous sentez-vous concurrentes?
Non, nous sommes très différentes, et, dans le milieu de la chanson, il y a de la place pour tout le monde. Je suis impatiente d'écouter son album et de voir comment elle fait son retour. Elle aussi a dû grandir et évoluer. Vu qu'elle n'est plus placée sous l'aile de Mylène, Farmer je lui souhaite tout le bonheur du monde.
À ÉCOUTER
«2 Lor en moi?», par Lorie, Sony BMG
Alizée: «Je suis devenue perfectionniste».
Trois ans de silence, c'est long, non?
Oui, mais j'ai pris du temps pour moi, pour faire le point sur tout ce qui s'était passé. Et puis j'ai mis deux ans et demi pour fabriquer ce nouvel album. Faire un disque qu'on aime, ça prend du temps.
Vous êtes devenue maman. Ça change complètement la vie?
Oui, mais du bon côté. On relativise beaucoup de choses.
Avez-vous été emprisonnée dans cette image de Lolita?
Pas emprisonnée, car j'ai pris du bon temps avec mon ancienne équipe. «Moi Lolita» a été écrite avant que je ne rencontre Mylène Farmer. J'avais 15 ans, je me suis impliquée à jouer le rôle et je me suis rendu compte que cette image ne me ressemblait pas totalement. J'avais besoin de faire quelque chose de plus simple et de plus naturel.
Ce nouvel album, «Psychédélices», ouvre la voie de l'indépendance. Pourquoi ce désir?
En fait, j'ai été à très bonne école et ça m'a donné envie de le faire pour moi. J'avais envie de faire des rencontres, de découvrir de nouvelles expériences. Ça passait par me séparer de mes producteurs.
Vous n'auriez pas pu le faire avec Mylène Farmer?
Non, tout le monde le sait, Mylène et Laurent (Boutonnat, ndlr.) forment un cercle très fermé, familial, depuis des années. Ça ne se prêtait pas à ce que j'avais envie de faire. J'ai voulu créer ma famille et apporter mon univers.
En faisant appel à Daniel Darc, Jean Fauque, parolier de Bashung, ou le rappeur Oxmo Puccino, vous vous éloignez de votre univers, non?
Ils sont éloignés de l'univers des deux albums précédents mais pas de mon univers. Si je suis allée les chercher, c'est parce qu'ils faisaient partie des gens que j'aimais, qui se retrouvent dans mon iPod.
Votre chanson «Moi Lolita» a été reprise par Julien Doré. Qu'en avez-vous pensé?
J'ai trouvé ça bien. Ça fait plaisir de savoir qu'une chanson a marqué une génération.
Lorie sort aussi un nouveau CD. Concurrentes?
Je ne l'ai pas écouté mais, non, on n'est pas en compétition. On ne fait pas la même musique, même si on a des parcours similaires.
À ÉCOUTER
«Psychédélices», par Alizée, Sony BMG
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil