Liane Foly parle de Sheila dans "Le Matin Dimanche" (17 novembre 2007).

Liane Foly: «Rien ne remplace le rire»

On connaissait la chanteuse Liane Foly, on découvrira bientôt l'imitatrice

Montreux Festival du Rire, du 4 au 9 décembre 2007

L'artiste met de côté la chanson le temps d'une «Folle parenthèse», un one-woman-show où elle démontre ses talents d'humoriste et d'imitatrice. Interview


Karine Vouillamoz - 17/11/2007
Le Matin Dimanche


Dans la vie, il y a ceux qui hésitent tant à mettre leurs rêves en pratique qu'ils finissent frustrés. Et puis il y a ceux qui osent relever un pari parfois difficile pour aller au bout de leurs désirs.

Le public ne le sait peut-être pas mais Liane Foly a toujours rêvé de faire rire. Pendant plus de vingt ans, elle a bercé «Au fur et à mesure» les auditeurs avec ses chansons aux sonorités jazzy propices au «Rêve orange». Jusqu'à ce qu'elle décide de vivre pleinement ses rêves.

Elle a écrit d'une seule traite un spectacle, «La folle parenthèse», où elle met en évidence ses talents d'imitatrice. «Ne vous attendez pas à voir Liane Foly, elle n'est pas dans le spectacle! nous prévient-elle, je joue le rôle de Muriel Robin dont le meilleur ami, gay, ouvre une boîte qui s'appelle le Guet-apens.»

Vous revenez dans des habits tous neufs. Comment vous sentez-vous?

Très bien. Je suis partie dans cette aventure confiante et enfin prête. Je me suis remise en question pendant l'écriture mais j'ai décidé de me lancer. Je l'ai appelée «folle» parce que c'était une idée complètement loufoque, un vrai pari. Je ne savais pas comment les médias et le public allaient réagir. Et finalement, ça se passe bien. Je suis bien car j'aime faire ça, je sais le faire, je le revendique totalement. C'est en moi depuis longtemps.

Quel a été le déclic?

A un moment donné, je me suis dit qu'il fallait que je me lance. Et, il y a deux ans, pendant ma tournée, j'insérais des sketches au milieu des chansons. Qui devenaient de plus en plus nombreux. Et chaque soir, le spectacle était plus long. On m'a fait comprendre qu'il fallait que je fasse un vrai spectacle avec des sketches. J'en avais marre d'être confinée dans le schéma «studio-album-promo-scène». Le jour où on découvre le rire, c'est fabuleux. La musique, c'est très bien, mais rien ne remplace le rire.

Vous souvenez-vous de vos premières imitations?

C'était en chantant France Gall. J'ai commencé à chanter à 12 ans dans l'orchestre de mon père. Après, il y a eu Sheila, Sylvie Vartan...

Petite fille, vouliez-vous devenir chanteuse ou humoriste?

Humoriste, imitatrice, pas du tout chanteuse! J'utilise ma voix, c'est un vrai jeu. J'ai toujours considéré ma voix comme un instrument.

La parenthèse, finalement, c'est votre métier de chanteuse, non?

Oui, parce que si je n'avais pas rencontré André Manoukian, si je n'avais pas fait tout de suite des chansons à moi, j'aurais sans doute fait un métier parallèle sur les voix off, les doublages de films, l'imitation.

Quelle est la voix la plus insaisissable?

J'aimerais bien imiter Claire Chazal mais je n'y arrive pas, elle a un timbre assez spécial. Et puis Carole Bouquet, c'est difficile aussi, il faut du temps pour y arriver.

Et celle qui est la plus proche de vous?

Muriel Robin. On est très amies et j'arrive même à m'impressionner quand je l'imite, quand je suis dans son corps.

Le public apprécie les acteurs qui chantent mais il est plus dur avec ceux qui se lancent dans l'humour. L'avez-vous ressenti?

Non, pour moi, ça ne s'est pas passé de cette façon. Je vous parle en toute humilité. C'est un très beau spectacle, je n'ai pas fait un truc en amateur ou à peu près. J'y ai mis tout mon amour, mon savoir-faire. Le public et les médias le captent tout de suite. Il y a beaucoup de boulot mais ça semble facile tellement je le ressens.

Et la musique dans tout ça?

Je prépare un nouvel album de blues et de jazz avec Art Mengo qui sortira à la fin de 2008. Mais je ne veux pas tout mélanger, je veux vivre pleinement le succès de «La folle parenthèse» parce que c'est un vrai succès. Je ne vais pas frustrer les gens, tout mélanger, ils ne comprendraient plus rien. Et ensuite, je ferai du cinéma, du théâtre. Je suis d'ailleurs en train d'écrire une pièce. Mon amie Line Renaud a toujours fait ce qu'elle avait envie de faire. Elle a pris ses virages artistiques les plus importants à 40 ans.

Vivez-vous vos plus belles années?

Oui, à tous les niveaux. J'aurai 45 ans bientôt, je le vis pleinement. Je suis arrivée à une maturité dans mon travail, dans ma vie de femme. Je suis très heureuse, je pense avoir trouvé un équilibre, je renais.


À VOIR

«La folle parenthèse», par Liane Foly, le 6 décembre, à l'Auditorium Stravinksi, à Montreux (Suisse).